joseplluismateo©Aldo Amoretti

Notre métier, à mon avis, consiste à relier le monde des idées et la matière, à construire physiquement la réalité des rêves. Le monde sans architecture serait inintelligible.

Mon activité professionnelle, qui a commencé au début des années quatre-vingt du siècle dernier, est basée sur deux questions : l’une, qui essaie de réfléchir à ce qu’il faut faire, et qui a donné lieu à une vaste activité académique et critique, à divers moments et lieux.
Une autre, comment faire, qui est à la base de ma pratique professionnelle d’architecte. Cette dernière question, centrale et sans laquelle la vision lointaine de l’analyse n’aurait pas eu de sens.

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Profil

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Marie Caroline Lucat @ 2019

Ma faiblesse et peut-être aussi ma force a toujours été de me déplacer simultanément entre deux mondes opposés. Contact physique et direct avec la matière et la distance de l’abstraction de l’analyse.

Un projet raconte toujours l’histoire d’un lieu et d’un moment précis. Une histoire que beaucoup ne connaissent pas encore mais attendent qu’elle soit expliquée.
Construire – mon but ultime – est un chemin très long, avec différentes phases. Il y a un premier moment de création et de conception. C’est fondamental. Il y a des matériaux et des outils spécifiques avec lesquels travailler. Cela doit arriver rapidement. Cela pourrait prendre toute une vie pour en arriver là, mais finalement l’acte créatif doit être rapide. Vient ensuite le moment de la réalisation. Cela peut être très long. En tant que bâtisseur, vous devez avoir des vertus telles que la persévérance, la patience, la passion et la permanence.
La construction est un moment très important. Je m’intéresse toujours à ce métier car il me donne la possibilité de concrétiser certains types d’ambitions sociales. Transformer en solide ce qui ne l’est pas. Sinon, il se fondrait dans l’air, comme l’a dit Marx. Un processus alchimique se met en place. J’adore l’aspect physique de la construction et la partie physique du travail intellectuel. Et entre les deux, il y a un troisième moment : la phase d’élaboration du projet, où il faut en discuter. J’essaie de le suivre sans me brûler.

Extrait de l’interview de Philip Ursprung avec Josep Lluís Mateo, 2005

Publications sélectionnées

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FOOTPRINTS.  Writings 2005-2020 de Josep Lluís Mateo, Park Books. Zürich, 2021.

Footprints rassemble les écrits les plus importants de Mateo au cours des quinze dernières années : des essais et des vignettes courts et plus longs, ainsi que des entretiens abordant des problèmes fondamentaux de l’architecture contemporaine, ainsi que les propres créations de Mateo.

Prix à l’auteur de l’année, Juanzong Archive Award 2022

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FACTS de Josep Lluís Mateo, Ed. Actar. Barcelone, 2016.

Cette publication présente une sélection d’œuvres accompagnées de mots (peu nombreux, pour résumer des idées et présenter des données), de quelques schémas planimétriques, et de discours généraux et lointains pour contextualiser et élargir les perspectives.
En fin de compte, cependant, le bâtiment doit parler lui-même. Cette conversation est ce que le livre vise à reproduire.

ON BUILDING Matter and form de Josep Lluís Mateo, Ed. Polígrafa. Barcelone, 2012.

Cette publication décrit ce moment initial d’une série d’édifices, au-delà de leurs origines et de leur constitution physique (les deux questions, idée et matière, pourtant, basées mon travail). Les objets, capturés par Adrià Goula, sont présentés comme des formes visuelles, des compositions de plans et de surfaces qui forment des volumes, et comme une dialectique de la lumière et de l’ombre.

Opere e progetti de Josep Lluís Mateo, Electa. Milan, 2007.

Monographie globale sur l’œuvre de Josep Lluís Mateo. Comprend des textes de Miquel Adriá, Aaron Betsky, Juan José Lahuerta et Agustí Obiol.

The four elements and architecture: Earth, Water, Air, Fire de Josep Lluís Mateo, Zurich and Ed. ACTAR. Zürich, 2014.

La relation avec les éléments comme origine du projet nous renvoie à des archétypes : la pure protection (échos de Paul Virilio) ou la grotte. De l’autre côté, la fragile tente du nomade (Buckminster Fuller et les badinages des années soixantes. Dans la tradition romantique (sur laquelle repose cet argument), la ruine et la valeur expressive de l’inachevé apparaissent également.

La beauté, à mon avis, est comme une promesse. Quelque chose derrière le travail, l’intention, l’énergie, la passion, l’intelligence. Mais c’est quelque chose qui ne peut pas être touché ou vue directement.

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